Amira ElHadji MC-HDR, Département Design image, Institut Supérieur des Arts et Métiers de Mahdia, Université de Monastir. E-mail : ramziturkiii@gmail.com
Durant cette dernière décennie, l’émergence de l’intelligence artificielle dans les domaines de la culture et de l’industrie a ébranlé les sociétés. Nous assistons à de nombreux techniques et courants qui changent notre manière de réflexion, de communication et de travail. Sous l’effet de ces techniques et des courants productifs et créatifs, notre manière d’exister a changé. Bertrand Gill (1978), considère que toute technique est une histoire des systèmes techniques. Ce système technique est alors l’aboutissement des techniques propres à une époque, et toute époque se caractérise par des techniques bien particulières qui s’y rapportant. Comme toute technique, le numérique est issu d’une révolution qui marque un moment d’invention et d’innovation des choses. Certes, il s’agit d’un système technique : tout devient calculé, les machines traitent les codes binaires ; c’est le passage de la mécanisation à l’automatisation donc à la numérisation (Vial, 2013). Cette révolution numérique se caractérise par un nouveau matériau qui est la matière calculée qui se traduit à travers toutes les nouvelles technologies de nos jours. Elle a cherché à pousser la délégation aux machines et cette tendance ne cesse de se poursuivre et à se développer. Le design est une activité créatrice qui articule les étapes de recherche, de réflexion, de conception et de réalisation. Le numérique est alors un enjeu de design puisqu’il engendre de nouveaux usages et de nouvelles pratiques résultants de l’invention de nouveaux produits, objets. L’intelligence artificielle est la pointe du numérique. En ce sens, lorsque l’intelligence artificielle touche le champ de la création industrielle, ou culturelle, le design peut proposer des objets, produits, révolutionnaires créant un effet d’expérience (surprendre, plaire, etc.). La question n’est plus alors centrée sur la production ou la consommation en masse mais plutôt une question d’innovation. Nous nous retrouvons ici dans un champ de recherche commun : le design numérique. L’expérience semble être au
cœur de ce dernier. Nous sommes amenés à méditer l’usage du numérique au niveau de l’efficacité de l’expérience. La plupart des activités des êtres humains s’est détournées vers le monde numérique (Darras, 2009). Il nous semble que le numérique est le nouveau levier de notre ère, en changeant notre relation avec le monde. Nous le considérons comme un enjeu de civilisation. Grâce au numérique, une nouvelle économie voit le jour faisant évoluer les sociétés (Volle, 1999). Dans ce contexte, l’intelligence artificielle peut contribuer avantageusement à l’accès dynamique aux ressources culturelles et aux nouvelles perceptions du contenu patrimonial, tout en jouant la carte de la conservation et la valorisation du patrimoine. Par ailleurs, elle peut marquer une expérience d’usage particulière et pourquoi pas « mémorable » qui prend en considération le comportement et l’émotion de l’usager (Hatchuel, 2018). A travers notre recherche, nous étudions l’intervention du design numérique et des nouvelles technologies dans l’actualisation et la diffusion du patrimoine culturel tunisien. Nous nous penchons sur l’amphithéâtre d’El Jem, un monument romain de la Tunisie construit vers le premier tiers du IIIe siècle, et sur le palais de Ksar Saïd, ancien palais beylical tunisien. Alors que peut faire l’intelligence artificielle pour l’économie, l’industrie, la culture et la société ? Est-elle vecteur d’inclusion ou d’exclusion sociale ? Comment est-elle en train de modifier ces domaines ? Comment le design numérique peut-il contribuer à ces changements ? Quelles sont les technologies et méthodes innovantes pour améliorer la révélation du patrimoine ? Quelles formes d’exposition et de mise en valeur émergent et en quoi interrogent-elles ce qui fait patrimoine ? Sur quoi repose une expérience immersive d’un musée ? Pouvons-nous assurer une expérience « déroutante » ?
Amira ElHadji MC-HDR, Université de Monastir. E-mail : ramziturkiii@gmail.com
Sources bibliographiques
● Di Méo Guy, 2006, Le patrimoine, un besoin social contemporain. In : Actes du colloque
international « Patrimoine et estuaires ».
● Eidelman Jacqueline, 2017, Inventer des musées pour demain, Paris, La Documentation
française.
● Fleury Philippe, 2008, La mise en valeur du patrimoine culturel par les nouvelles
technologies, Caen, Presses Universitaires de Caen.
● Gille B., 1978, Histoire des techniques, Paris, Gallimard.
● Hatchuel Géraldine, Asensia A. (collab.), 2018, Le Design d’expérience : scénariser pour
innover, Nouvelle-Aquitaine, FYP éditions.
● Merleau-Ponty Maurice, 1963, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard.
● Schaeffer Jean-Marie, 2015, Expérience esthétique, Paris, Gallimard.
● Vial S., 2013, L’être et l’écran, Comment le numérique change la perception, Paris, PUF.
● Volle M., 1999, Economie des nouvelles technologies, Paris, Edition Economica.